Une nouvelle espèce de requin rencontrée à Koné
Cet article est un poisson d’avril !
C’est lors d’une plongée d’exploration sur le récif près de Koné que des plongeurs ont eu la surprise de rencontrer une espèce de requin qu’ils n’avaient encore jamais vue auparavant. Une découverte qui soulève beaucoup de questions. Des recherches sont en cours pour en savoir plus.
Une rencontre faite début mars
Sébastien, le président du club associatif de plongée de Koné « Tu Koohnê Plongée? » nous raconte cette matinée du 3 mars dernier :
« On avait 8 plongeurs sur le bateau, on avait décidé d’aller sur le site « l’Impasse », un site que les plongeurs adorent parce qu’il y a vraiment de la vie : raies aigle, requins pointe blanche et pointe noire, des requins gris, des napoléons. On fait souvent les 2 plongées sur le même site, c’est un site facile entre 8 et 10 mètres.
On était en fin de plongée quand j’ai vu quelque chose d’inhabituel sous un rocher, quelque chose qui ressemblait à une queue de requin. En m’approchant j’ai vu que c’était orange ! J’ai appelé mes binômes pour qu’ils viennent voir, j’ai pas réussi à prendre sa tête en photo. J’ai juste eu le bout de sa queue, il a bougé vite fait et il est parti très rapidement.
De ce que j’ai pu voir c’est que ca semblait être un requin pointe noire en plus petit et de couleur orange. Il avait des bandes blanches, 2 peut-être 3, et la tête orange. Son œil était blanc, on aurait dit un poisson-clown métisse requin pointe noire ! Un requin clown ? J’ai jamais vu ça ! Il est parti très vite, on ne l’a pas retrouvé après. »
Depuis, Sébastien n’a qu’une hâte : retourner sur le site et fouiller chaque centimètre carré du récif pour le retrouver. Mais l’arrivée du cyclone NIRAN dès le lendemain a mis la Nouvelle-Calédonie en pré-alerte et suspendu toute sortie en mer, puis le confinement survenu quelques jours plus tard a mis temporairement un point d’arrêt aux recherches.
Les spécialistes s’interrogent
A la fédé, lorsqu’on a appris cette découverte, on a voulu en savoir plus ! Une équipe composée de plusieurs spécialistes s’est mise en place pour coordonner les informations. Elle a d’ores et déjà baptisé cette espèce le requin clown, et proposé un nom latin à la communauté scientifique internationale : Triaenodon federalus.
Olivier Carette, le président de la commission environnement et biologie en Nouvelle-Calédonie, avoue être très surpris par cette rencontre. « L’océan est encore très méconnu, mais je ne pensais pas qu’on pourrait découvrir de nouvelles espèces aussi étonnantes ! La présence de couleurs vives est une caractéristique rare chez les requins, qui sont habituellement plutôt gris ou bleu. »
Il ajoute : « C’est un cas singulier de mimétisme batésien : les couleurs du requin clown sont très proches de celles du poisson-clown au point que certains prédateurs pourraient les confondre. Il est possible que le poisson-clown ait évolué en prenant les couleurs du requin clown à une époque où ceux-ci étaient bien plus présents ! Ils ressembleraient alors à des requins clown juvéniles, auxquels les prédateurs éviteraient de s’attaquer de peur que les individus adultes n’arrivent pour les défendre. C’est donc un moyen de se protéger qui peut s’avérer efficace pour les poissons-clown. »
Une espèce dangereuse ?
Claude Maillaud, président de la commission médicale et de prévention de la FFESSM-NC et spécialiste des requins et de la faune dangereuse du pacifique, met en garde sur la possible dangerosité de cette espèce : « Un Vieux à Ouégoa, m’en avait parlé, mais je ne pensais pas qu’il existait encore. Il paraît que cette espèce était couramment observée jusqu’au milieu du siècle dernier dans la passe d’Amos, et que les plongeurs qui pêchaient le troca le craignaient comme la petite vérole, en raison de sa morsure venimeuse.
On ne se méfie jamais assez des requins de petite taille ! La dangerosité du requin clown tient vraisemblablement à sa coévolution avec le poisson-clown, dont il s’est approprié l’extrême agressivité, bien connue des plongeurs. En outre, il semble qu’il se soit immunisé contre le venin des anémones, sur lesquelles, tout comme le poisson-clown, il aime à se prélasser, au point d’en détourner les cellules venimeuses afin de rendre sa morsure hautement toxique.
En cas de morsure par cet animal, l’alcool éthylique à 45% administré par voie orale est réputé un antidote efficace contre les phénomènes douloureux, à la posologie de 0,1 à 0,2 mL/kg/h jusqu’à disparition de ceux-ci. »
Des chercheurs et spécialistes français, papous et australiens ont également été contactés, des discussions sont en cours pour déterminer les caractéristiques de ce requin et organiser des recherches pour l’observer de nouveau.
Appel à témoins et à volontaires
Vous avez déjà aperçu ce requin ? Si oui, merci de nous en faire part en nous indiquant :
- à quel endroit : coordonnées GPS ou nom du site, profondeur, type de fond (récif, sableux, pleine eau…)
- à quelle date et heure (même approximative)
- le nombre d’individus observés, leur taille, leur couleur, et toute information sur leur comportement lors de la rencontre
- votre nom et vos coordonnées pour vous contacter si besoin de plus d’informations
Vous souhaitez participer aux recherches ou être informé des recherches ? Vous pouvez vous inscrire en nous envoyant :
- vos nom et prénom
- votre niveau en plongée ou en apnée (ouvert à tous niveaux)
- votre ville
- votre adresse mail pour envoyer les informations
Vous pouvez utiliser notre formulaire de contact pour nous écrire. Nous nous chargerons de transmettre vos observations et vos coordonnées à l’équipe en charge des recherches.
Crédit : Amandine AUPETIT